par C’est Mme Jacqueline Leblond-Caroulle qui nous a conté cette anecdote fin 2004 (elle devait avoir 82 ans). Histoire confirmée par sa famille depuis.
Notre région a été libérée par des soldats polonais et canadiens au tout début du mois de septembre 1944. (Abbeville le 3, Crécy le 4 dans les circonstances tragiques qui ont vu six hommes fusillés, Hesdin et Montreuil le 4). Or, bien plus tard, en décembre 1944, la veille de son mariage (Jacqueline Caroulle a épousé André Leblond le 13 décembre 1944 à Nampont-Saint-Martin), plusieurs soldats allemands “attaquèrent” la nuit tombée la ferme de Pinchemont (ferme isolée située sur le plateau entre Valloires et Vron).
Ils étaient 3 ou 4 soldats, armés, surtout affamés. Ils voulaient de la nourriture et menacèrent Jacqueline et d’autres personnes avec leurs armes, les mirent en joue. Plusieurs hommes s’étaient cachés, derrière les portes, dont le (célèbre) cousin aviateur René Caudron, prêts à intervenir avec leurs fusils de chasse. Mais il n’y eut pas de coups de feu, ni de blessés. Les Allemands partirent avec leurs victuailles, laissant dernière eux une énorme peur, ce qui n’était qu’un moindre mal.
La présence de ces soldats était plus ou moins connue, tout comme leurs larcins (vols de poules, …). Sans connaitre les circonstances qui les avaient amenés là, ils se cachaient dans des souterrains dont l’accès se trouvait dans le bois “De France” à Petit-Préaux, ou sous “le mont Renard” dans le bois de Préaux (pas très loin de la ferme de Pinchemont). Leur objectif était sans doute de rejoindre la poche de Dunkerque. En effet, en septembre 1944, après avoir libéré Montreuil, Boulogne et Calais, les alliés négligent Dunkerque défendue par l’artillerie allemande, pour se diriger vers Anvers jugée prioritaire. La garnison allemande commandée par un officier jusqu’au-boutiste, se maintient sur Dunkerque, après avoir évacué les civils et inondé les bas-champs alentours. La reddition ne sera signée à Wormhout que le 9 mai 1945. Dunkerque est ainsi une des dernières villes françaises à être libérée.
Qui sait si ces hommes passés par Pinchemont ont réussi à rejoindre Dunkerque ? Et que sont-ils devenus ?
